Quel élastomère privilégier pour vos joints destinés à un usage dans un environnement difficile ?
Dans les milieux industriels, les conditions d’utilisation peuvent être particulièrement sévères. Températures extrêmes, fluides corrosifs, pressions élevées ou encore exposition aux intempéries représentent autant de contraintes que doivent supporter les systèmes d’étanchéité. Dans ce contexte, le choix du matériau des joints devient un facteur stratégique, car il détermine directement la durabilité, la sécurité et l’efficacité de l’installation.
Parmi les élastomères les plus utilisés dans la fabrication de joints, trois se distinguent par leurs performances : le fluoroélastomère (FPM), l’EPDM et le NBR. Chacun présente des atouts spécifiques et des limites qu’il convient de connaître pour sélectionner la solution adaptée.
Les propriétés essentielles des élastomères pour l’étanchéité
Les joints en élastomère sont conçus pour s’adapter à des conditions dynamiques : ils conservent leur souplesse et leur capacité d’étanchéité même lorsqu’ils subissent des déformations répétées, des vibrations ou des variations de pression. Leur résistance mécanique, thermique et chimique dépend toutefois du type de polymère utilisé.
Ainsi, certains élastomères sont capables de résister à des chaleurs extrêmes ou à des substances agressives, tandis que d’autres privilégient la flexibilité, l’imperméabilité et l’isolation. Pour les milieux contraignants, le choix se concentre généralement sur le FPM, l’EPDM et le NBR.
Le FPM : la solution pour les environnements à très haute température
Le FPM, aussi appelé FKM ou Viton, est un fluoroélastomère réputé pour sa résistance exceptionnelle à la chaleur et aux produits chimiques. Sa plage de température peut atteindre +280 °C en pointe, ce qui le rend indispensable dans les industries où les fluides sont soumis à des conditions extrêmes.
Il se montre particulièrement performant pour l’étanchéité dans le stockage et le transport d’hydrocarbures, d’acides, de fluides hydrauliques ininflammables et de solutions caustiques. En extérieur, il conserve ses propriétés face aux UV et aux intempéries, ce qui en fait un allié pour les installations exposées.
Toutefois, son champ d’utilisation n’est pas universel. Le FPM ne tolère pas certains composés chimiques comme les esters, cétones, éthers et amines, qui altèrent rapidement sa structure. De plus, son coût relativement élevé amène à le réserver aux environnements où ses qualités uniques sont véritablement nécessaires.
L’EPDM : la référence pour le transport de fluides
L’EPDM (éthylène-propylène-diène monomère) est l’élastomère le plus recommandé lorsqu’il s’agit de transporter des fluides aqueux ou corrosifs dans des conditions variées. Il supporte une plage thermique allant de –45 °C à +150 °C, ce qui lui confère une grande polyvalence.
On le retrouve dans les tuyauteries industrielles, les réseaux sanitaires et les systèmes de chauffage, mais aussi dans des applications soumises aux acides concentrés. Sa résistance à l’oxydation, aux intempéries et à l’ozone lui assure une longévité appréciable, même en extérieur. De plus, sa capacité à résister à la déformation permanente et sa charge de rupture proche de 180 kg/cm² renforcent sa fiabilité.
Cependant, l’EPDM montre des limites claires : il est incompatible avec les huiles, les hydrocarbures et certains solvants, ce qui exclut son utilisation dans des environnements pétrochimiques ou automobiles.
Le NBR : un choix économique et robuste pour les usages courants
Le NBR (nitrile butadiène) est particulièrement apprécié pour sa polyvalence et son bon rapport performance/prix. Il fonctionne efficacement dans une plage de température allant de –30 °C à +100 °C, avec une tolérance ponctuelle jusqu’à 120 °C.
Sa résistance mécanique est remarquable : il supporte très bien la compression, résiste aux frottements, aux chocs et à l’abrasion. Sa charge de rupture dépasse même les 200 kg/cm², ce qui le rend plus résistant que le FPM et l’EPDM sur le plan mécanique.
Le NBR offre aussi une excellente étanchéité aux gaz et une compatibilité avec les huiles minérales, le butane, le propane, les acides gras et certaines lessives. Ces qualités en font une option privilégiée dans les industries mécaniques, hydrauliques et domestiques. Ses faiblesses résident toutefois dans sa sensibilité à l’ozone et son vieillissement prématuré en extérieur, ce qui limite son usage dans des environnements fortement exposés.
Conclusion : un choix guidé par l’application
Face à la diversité des contraintes industrielles, il n’existe pas de matériau universel. Le FPM sera choisi pour les environnements extrêmes et hautement chimiques, l’EPDM pour les installations en contact avec l’eau et les agents atmosphériques, et le NBR pour les applications standards où la robustesse mécanique prime.
Bien analyser l’environnement d’utilisation permet donc d’optimiser la durée de vie des joints, de réduire les coûts de maintenance et de garantir la sécurité des équipements.